La farandole des mots perdus

Textes en vrac

posté le 15-09-2008 à 12:45:52

Pucelo'ttt en herbe

Bonjour tout le monde ! Et surtout bonjour… Toi !
Je m’appelle PUCELO’TTT, avec trois T s’il vous plaît…
C’est un signe de noblesse dans le monde des puces !

Dans notre monde, tous nos noms de famille finissent par «’T ». Mais si on a « tt » à la fin, cela veut dire qu’on appartient à une famille qui a fait des exploits, par exemple : Traverser l’Atlantique, faire du toboggan, monter en haut de la grande roue des Champs Elysées, faire du ski, nager dans un verre de grenadine sans se noyer… Bref, des choses pas ordinaires pour une puce !

Et moi, j’ai « ‘ttt », alors imagine un peu mes ancêtres !
Je n’ai pas le choix, il faut que je reste à la hauteur de la réputation de ma famille ! J’ai déjà commencé d’ailleurs : Je suis allée au Mexique en avion, j’ai déjeuné au Ritz, je suis allée au théâtre, j’ai même fait du parachute, t’as qu’à voir !

Tu ne me crois pas ? Je vais te raconter ma dernière aventure :

L’autre jour, j’ai rencontré P’tit Père. C’est un vieux copain sharpei, tu sais les chiens tout plissés. On se connaît depuis longtemps, c’est avec lui que je suis partie au Mexique en avion... Il ronflait tranquillement d’un œil devant son portail. Je me suis installée confortablement entre ses deux oreilles, histoire de faire une petite sieste, comme lui.

Tout à coup, sans prévenir, il s’est mis à aboyer furieusement et s’est précipité sur un type tout en noir. Quelle trouille j’ai eu ! J’ai bien failli dégringoler et m’écraser sur le bitume ! Tu parles d’une sieste !
- « P’tit Père, t’es fou ou quoi ! Tu vas où là ? »
- « T’inquiète, ma puce, Cette fois-ci, j’le lâche pas ! »
- « De quoi tu parles ? »
- « Ce mec, j’lai déjà vu rôder par ici, il est pas clair, j’vais rameuter la bande, on va l’coincer ! Accroche-toi, ma vieille ! »
Et il a piqué un sprint. Y a pas de ceinture de sécurité sur un chien… Essaie de rester sur ta monture quand elle se transforme en bolide imprévisible ! Le type tout en noir s’est aplati contre un mur, terrifié par P’tit Père qui montrait des dents, planté devant lui, prêt à lui bondir dessus.

Avertis par les aboiements, les copains sont arrivés : Tsouki, le Basset Artésien et Milord, le berger des Pyrénées, tellement vieux qu’on ne sait plus quel âge il a ! Ils ont fait cercle autour du gars tout en noir en entonnant un concert à trois voix assourdissant. Mes pauvres oreilles !
Tu vois le tableau : un homme, trois chiens et une puce jouant la grande scène du deux, pardon, du cinq !
- «  Et maintenant, qu’est c’qu’on fait ? »
- « Toi la puce, tu vas chercher l’Carottin et nous on n’bouge pas !» m’a répondu Milord.

Carottin, c’est mon pote. Son vrai nom, c’est Quentin. Il a 8 ans et il a des cheveux orange tout en bazar et la figure pleine de taches de rousseur. Il habite avec sa maman dans une vieille bicoque, derrière l’école…mais il n’y va pas souvent… « Y a trop d’zozes à faire » qu’il dit souvent.
Alors j’ai bondi au sol et j’ai fait des sauts… de puce… jusque chez lui. Il rêvait devant  un grand bol de céréales. J’étais tellement excitée par ma mission, que j’ai mal visé et au lieu d’atterrir sur sa main, comme d’habitude, j’ai plongé dans le bol ! Pouah ! Du lait sucré !  

D’abord une course folle et ensuite un bain tout collant ! Bon début de journée !
Mais… l’idiot ! Il va m’avaler tout crue, il ne m’a pas vu cette andouille !
- « Eh, Duchmolle, oh oh, c’est moi, la tache noire dans le lait ! »
Heureusement que je sais parler l’humain ! Je t’avais prévenu, je suis une puce pas ordinaire…
- « Qu’est ce tu fais là ? » a dit Carottin, surpris.
- « Ouf ! Tu m’as fichu une de ces trouilles ! Grouille-toi, on n’a pas l’temps ! »

Complètement réveillé, il m’a posée dans sa tignasse orange pendant que je lui expliquais la situation. Carottin, ce n’est pas un rapide à l’école, mais pour les copains, il est top !
- « Où qu’y sont ? »
- « Devant chez P’tit Père »
Sans hésiter une seconde, il a attrapé sa vieille casquette trouée, qu’il a plaquée sur sa tête pour ne pas que je m’envole, et il est sorti en courant. En moins de deux, on était arrivés. L’homme tout en noir était toujours plaqué contre le mur, tenu en respect par les trois compères.

Carottin, essoufflé, a pris la situation en main :
- « C’est qui z’gars là ? » Et s’adressant à lui :
- « Qu’est ce tu fous là ?  C’est quoi ton plan foireux ? »
Mais le type tout en noir le regardait sans répondre, terrifié par les trois rangées de crocs acérés qui ne le lâchaient pas.
- « Bon, toi, Pucelo’ttt, tu pars avec Tsouki chez les flics. Débrouille-toi pour les faire venir fissa ! P’tit Père et Milord restez là, tenez le à l’œil, moi z’reviens tout de suite ! »

J’ai eu juste le temps, en passant par un des trous de sa casquette, de sauter sur Tsouki avant qu’il détale. Tsouki, il connaît bien le commissariat. Il va souvent traîner du côté de leurs poubelles. Y a toujours des restes de sandwiches et les flics le laissent faire. Il a bondi en avant sans hésiter… et on est reparti pour une course folle ! J’en avais le tournis et je commençais à fatiguer, toujours à m’agripper de toutes mes forces pour ne pas m’écrabouiller au sol. Même si je suis une puce pas ordinaire, il y des limites à la pesanteur !

Tsouki, Il ne faut pas l’oublier, c’est un basset artésien. Il est court sur pattes… et un peu gros…mais il ne faut pas lui dire parce qu’il est très chatouilleux sur ce point.  
Quand on est arrivés, il soufflait comme un bœuf et s’est étalé d’un coup au milieu des poubelles, faisant un vacarme de tous les diables… et moi je suis allée m’aplatir sur un caillou, à deux pas de la porte de service ! Bonjour l’atterrissage !

- « T’es fou ou quoi ! T’aurais pas pu prévenir ? j’sais pas moi…sortir tes aérofreins… à quoi elles servent tes oreilles alors ? »   
A propos d’oreilles, elles étaient en tire-bouchon, coincées sous ses pattes avant. Tsouki essayant de retrouver une position plus digne de lui, bougonna, très vexé :
- « Oh, ça va Pucelo’ttt… j’fais c’que j’peux… »
- « Et d’abord, pourquoi on est dans les poubelles ? C’est pas là qu’ils travaillent, les flics… t’es bête ou quoi ? »
- « C’est l’habitude, ma puce, j’y ai plus pensé ! »
L’air penaud, il m’a tendu sa patte pour me reposer sur son museau et nous sommes entrés dans le commissariat par la porte de service.

Du haut de son museau, que Tsouki avait fièrement redressé, j’avais une vue d’ensemble impeccable ! Du monde de partout, un brouhaha incroyable. Tout le monde s’agitait et parlait en même temps, le téléphone sonnait sans arrêt, les portes claquaient… et personne ne nous remarquait…
-  « On fait comment maintenant, Môssieu grandes oreilles ? »
- « J’vais faire du ramdam, tu vas voir, ça va j’ter un froid ! » a répondu Tsouki.
Il s’est faufilé sous un bureau, s’emberlificotant avec tous les câbles de l’ordinateur, de l’imprimante et du téléphone… et est ressorti comme si de rien n’était…

Imagine un peu le bazar : Tout a dégringolé, dans un boucan infernal… et soudain, le calme plat, un silence de mort !... et moi pliée de rire ! Mais une puce qui rigole, ça ne se voit pas ! Un gros gars est sorti, furieux de son bureau en hurlant :
- «  C’est quoi c’foutoir encore ? »
- « C’est l’cabot, là ! » a dit quelqu’un.
- « Qu’est c’qu’il fout là, celui-là ! », glapit le gros gars.
Il s’apprêtait à filer un grand coup de pied à Tsouki, quand un autre flic est intervenu.
- « Attendez patron, y a un truc qui colle pas. J’le connais c’clébard, c’est pas son genre, il est pas venu par hasard ! »
Et il s’est approché de nous pour caresser Tsouki, qui faisait pas le fier, aplati au sol.

- « C’est moi, L’ami, pourquoi t’es là, toi, qu’est c’qui s’passe, hein ? »
Et là, j’ai sorti le grand jeu : J’ai bondi dans son oreille et je lui est murmuré très vite :
- « Bonjour L’ami. J’suis une puce pas ordinaire qui parle dans votre oreille. C’est un secret, ne dites rien, j’veux pas m’retrouver au zoo comme un animal de foire ! On n’a pas l’temps d’ergoter, y a urgence, on est venus vous chercher, vite suivez nous !»
Si tu avais vu sa tête ! Plus sidéré que ça, tu meurs !

Le mec super ! Il n’a pas moufté, s’est redressé, a regardé son patron d’un air entendu, genre « vous en faites pas, je gère »  et on est sorti tous les trois du commissariat, le plus naturellement du monde. Bien nichée dans son oreille, ma foi très confortable, nous sommes repartis  au pas de course à la queue leu leu.  

Le type tout en noir était toujours là, assis contre le mur, mais emballé jusqu’à la taille avec du scotch d’emballage, grâce à Carottin ! P’tit père était couché sur ses jambes et Milord continuait à montrer les crocs d’un air très convaincu ! Joli tableau, ma parole ! Le gamin était assis par terre, à côté de P’tit père, regardant arriver notre cortège d’une mine angélique…. Et le flic, d’abord sidéré, d’éclater de rire !

- « C’est Carnaval, ou quoi ? s’est esclaffé mon chauffeur du moment. Beau travail… C’est qui la momie, là ? »
Bon, il était temps d’intervenir ! Du fond de son oreille, j’ai tenté d’expliquer :
- « C’est P’tit père qui l’a repéré. C’était pas la première fois qu’il rôdait par là ce type. Il l’a coincé avec ses potes et il m’a demandé d’aller chercher Caro…, pardon Quentin… et le gosse a pensé… »  

Surpris d’entendre de nouveau ma voix, il s’est mis à se gratter l’oreille, l’idiot !
Et là, tu vois, la colère m’a prise : marre des sprints, marre du lait poisseux, marre d’avoir failli être avalée toute crue, marre d’embrasser les cailloux, marre de se faire écrabouiller, marre, marre marre… d’être une puce !

Alors j’ai craqué ! Je me suis mise à piquer, piquer et piquer encore, partout, pour qu’il se gratte ailleurs et me fiche la paix. Je sais, ce n’est pas bien, c’est même moche, mais on se défend comme on peut avec les moyens qu’on a, zut alors !

L’ami est devenu tout rouge, d’un coup ! Sa figure a gonflé comme un ballon de baudruche. Je ne pouvais pas deviner qu’il était allergique… Tout le monde était figé devant ce spectacle : Milord a refermé sa gueule et ranger ses crocs, P’tit père s’était relevé d’un bond, Tsouki, éperdu, aboyait sur ma victime, et Carottin s’approchait de nous, les yeux grands comme soucoupes, fasciné par ce divertissement inattendu…

Et là, tout à coup, tout est allé très vite : Profitant de cet intermède, la momie a détalé comme un lapin. Il fallait s’y attendre ! Le premier à réagir a été Milord. Il mis le turbo en route et commencé une poursuite effrénée. Et tout le monde de suivre derrière, bon an mal an…
Joyeuse petite troupe : Une momie scotchée, trois chiens, un mec transformé en ballon de baudruche qui jurait comme un diable, un gamin hirsute… et une puce un peu secouée…

Milord a rattrapé le fuyard et s’est jeté entre ses jambes. Evidemment, la momie s’est étalée de tout son long. Carottin,  telle une fusée, a plongé sur lui et s’est assis confortablement sur son torse, très content de lui ! D’un grand sourire édenté, il a lancé :
- « ze l’tiens ! Il est à vous ! c’est vachement plus rigolo qu’l’école ! »
P’tit père, L’ami et moi, on a fait cercle autour de l’inconnu. Tsouki, encore une fois emmêlé entre ses pattes et ses oreilles a eu un petit temps de retard. Celui-là, il faudra lui apprendre à piloter, ma parole !

- « Bravo, fiston, a dit L’ami essoufflé, belle initiative, mais si tu m’expliquais un peu ? A quoi on joue, là ? »
J’ai profité de la pause pour changer de locataire. Je me suis glissée dans les cheveux orange de Quentin, pour être aux premières loges.
-  « Ben quoi, il est pas net ce type, alors z’l’ai cravaté avec mes potes, c’est pas top la vie ? » a répondu Carottin crânement.
- « Ok, d’accord, super, mais peut-être qu’on pourrait lui laisser la parole, non ? Histoire de faire connaissance, tu n’crois pas ? »
-  «  Ouais, p’têt bien ! » a bougonné Carottin, un peu déçu.

A regret, il s’est relevé et a commencé à enlever le scotch. Milord a recommencé à grogner, histoire de maintenir la pression sur la momie, toujours au sol. Aussitôt libéré, le bonhomme, hagard, s’est écrié :
- « J’vais porter plainte ! C’est quoi ce cirque, qu’est c’que vous m’voulez à la fin, vous êtes dingues ou quoi ! »
- «  Et, doucement, mon gars, attention y a outrage à agent, là ! a répondu L’ami.
- « Que dalle ! j’en ai rien à faire… J’connais du monde, vous allez entendre parler du pays, j’vous l’garantis !  Ca va chauffer pour vos matricules, et vous, bas les pattes, sales cabots ! »
- « Bon, ça suffit ! A propos de matricule, vous êtes qui d’abord ? a rétorqué le policier, vos papiers et fissa ! »
- Ca n’va pas s’passer comme ça, a répliqué le type, hautain. Vous savez qui j’suis ?

L’ami a jeté rapidement un œil sur les papiers… et là, silence radio ! Un blanc, un gros blanc, arrêt sur image,  et la Pucelo’ttt, tétanisée ! J’ai tout de suite compris qu’il y avait un gros malaise, une erreur monumentale, une catastrophe épouvantable… Les trois clébards faisaient profil bas, Carottin ressemblait à un poisson rouge qui cherchait de l’air, L’ami avait carrément blêmi. Et notre homme mystérieux avait le sourire mauvais. Aïe aïe aïe…

Ni une ni deux, sans demander notre reste, on a tous déguerpi en même temps, P’tit père, Milord, Stouki, Carottin et moi. Sauve-qui-peut ! L’ami s’est mis au garde à vous et n’a pas fait un geste pour nous rattraper. Il y a des fois où il faut savoir improviser. Et pour l’heure, c’était « Courage, fuyons ! » J’ai crié à Carottin :
- « Chez toi, vite ! faut s’planquer ! »
- « Mais c’est qui c’gars là à la fin ? " a soufflé P’tit Père.

- « T’occupe ! fonce ! »
Re-sprint… et toujours pas de ceinture de sécurité… Heureusement que je suis une puce acrobate ! Je dois dire que la tignasse de Quentin, ce n’est pas triste… et que j’y étais plus en sécurité que sur le dos de Tsouki ! A quelque chose, malheur est bon !

Arrivés chez Carottin, on a fait un conseil de guerre. Il fallait un chef, vite, réfléchir posément… et pour cela, perchée sur l’oreille droite de Milord, j’étais la puce de la situation :
- « Bon, chacun chez soi, on s’connaît plus pour un bail, le temps de s’faire oublier, C’est OK ? »
- « Ouais, les clebs, au garage ! Sortez plus dans la rue, vous êtes grillés pour la fourrière, sûr ! » a renchéri Carottin d’un air entendu. 
- « P’tit père, tu nous a foutus dans une de ces mélasses ! » a grogné Stouki.
- « Vrai, t’as raison, On est mal, on est mal, on est mal ! » a grondé Milord.
 Et, moi, Pucelo’ttt la gaffeuse, d’en rajouter une petite couche :
- « Stop, là ! On se calme ! Une p’tite semaine de « cache-cache » et l’affaire est dans l’sac ! »
- « T’en as d’bonnes, toi, « cache-cache », c’est fastoche pour une puce ! Mais nous on fait comment, hein, pour se fondre dans l’atmosphère… T’as une potion magique peut-être ? a râlé P’tit père ? »

J’ai regardé Carottin, qui a hoché la tête silencieusement.
- « A toi d’jouer Pucelo’ttt ! »
Bon d’accord, j’ai compris, Il fallait prendre la température, ni vu ni connu… et qui mieux qu’une puce pour jouer les agents secrets incognito, hein ? A y être, autant aller jusqu’au bout et mesurer une bonne fois pour toute l’étendue des dégâts, tu ne crois pas ? Dans un silence respectueux, mes copains de galère m’ont laissé partir. Je commençais à fatiguer sérieusement et mes sauts de puce rasaient le bitume … dangereux pour une puce !

L’ami, toujours au garde à vous, écrasé par ce vent de colère, se prenait le savon du siècle ! Parole !
- « Je suis le Général des armées françaises,  vociférait le bonhomme, blanc de colère,…J’y crois pas ! Je m’fais agresser, moi, Général, par trois clébards, puis scotcher et aplatir comme une crêpe par un sale petit morveux… et avec votre bénédiction ! Qu’avez-vous à dire ? J’vous préviens que vous allez en prendre pour votre grade !

Il y avait urgence ! Ni une ni deux, en trois petits bonds, j’ai plongé dans son oreille droite et j’y suis allée de ma petite phrase fétiche :
- « J’suis une puce pas ordinaire qui parle dans votre oreille. C’est un secret, ne dites rien… et patati et patata…» et je lui ai tout raconté.
Cela lui a coupé le sifflet, au Général ! Incrédule, il a regardé fixement notre ami, qui a hoché la tête, d’un air accablé. Après un long moment de silence, le général a éclaté de rire. Un rire énorme, gargantuesque ! Reprenant son souffle, il s’est esclaffé :
- « Et ben ça alors, on m’l’avait jamais fait ! Une puce savante accoquinée d’une bande d’apprentis policiers, qui s’prennent pour des justiciers ! Elle est bien bonne, celle-là !
- «  Mon Général, ils ont cru bien faire ! » tenta de placer L’ami.

Histoire de me présenter, j’ai sauté sur sa main et bravement, les yeux dans les yeux, j’ai enfoncé le clou :
- « On pouvait pas d’viner, Général, ça f’sait plusieurs jours qu’on vous avait r’péré, tout en noir, tout seul, toujours à roder dans l’quartier. Faut s’méfier d’nos jours !
- « C’est vrai, ça mérite une p’tite explication, a répondu le Général, en me fixant de ses yeux rieurs. J’voulais passer incognito, c’est gagné ! J’peux pas vous dire pourquoi. Secret défense ! Motus et bouche cousue, c’est compris ? En échange, on oublie, on efface l’ardoise, ça vous va ? »
- « Merci mon général, soupira L’ami, visiblement soulagé. J’retourne au poste et j’vous ai jamais vu, à vos ordres, Général ! » Après un claquement de talons impeccable, le policier  a déguerpi sans demander son reste.  

Restée seule avec le Général, juchée sur le bout de son doigt, j’ai murmuré timidement :
- « Alors, j’peux aller chercher mes potes ? »
- « Comment tu t’appelles, déjà ? »  
- « Pucelo’ttt, Général, à votre service… »
- « Pour le service, tu r’passeras… mais pour tes potes, oui, j’ai deux mots à leur dire… »
 
P’tit père, Milord, Tsouki et Carottin ont rappliqué, pas trop fiers et le regard au ras des pâquerettes… Le général a pris un ton solennel et de toute sa hauteur, a dit :
- «  Ecoutez-moi bien, bande d’abrutis, Y a eu mal donne ! on n’y r’vient plus ! Secret défense, c’est clair pour tout l’monde ? A partir d’aujourd’hui, chacun à son poste ! Vous êtes mouillés jusqu’au coup. Maintenant, faut assurer. Vous les clebs, coucouche panier ! En attendant, interdit d’quitter l’quartier. J’aurai besoin de vous…Toi, le môme, tu files à l’école, histoire d’apprendre les bonnes manières. On s’reverra… Quant à toi, Pucelo’ttt, tu m’accompagnes. J’ai une ou deux missions intéressantes pour toi… »

Et voilà ! Toute la bande, soulagée, a repris sa petite routine tranquille, et moi, j’ai commencé une vie d’agent secret… Mais ça, c’est une autre histoire…

 
 
Solange Colas 

 

Copyright N° 289 E 188 du 31/08/08

 


Commentaires

 

1. Solange-Colas  le 15-09-2008 à 11:07:58  (site)

Bonjour Solange, ton blog me plait déjà!

2. solange-colas  le 24-11-2008 à 13:07:45  (site)

Salut ma sœur
J´ai jeté un coup d´œil sur ton blog... Coloré, chaleureux et sympa... comme toi ; Ce que je me demande, c´est comment tu arrives à créer et entretenir un blog comme ça ! Comme si tu n´avais pas assez de trucs à faire ! Tu es impayable dans le genre !
Le premier texte de Pucelottt (avec 3 t...) m´a bien plu, j´avais l´impression, au rythme de l´action et des mots, de lire une BD ! A mon avis, c´est ça, c´est une BD que tu devrais lancer... Après les aventures de Titeuf ou de Gaston Lagaffe... les aventures de Pucelottt ! C´est vivant, gai et rythmé et comme tu as choisi un langage très vivant (pas un genre littéraire, genre langage « soutenu », n´est-ce-pas ?)... Voila pourquoi j´avais l’impression, tout en lisant, que des images défilaient devant mes yeux. Je pensais par exemple au chien « gentleman » des rues des Aristochats, j´ai oublié son nom ?
Suite des commentaires au fur et à mesure que je lirai tes autres textes...
Bravo, tu es géniale !
Big bizous
Isa

 
 
 
 

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